Investir dans l’or attire de plus en plus d’épargnants, surtout en période d’incertitude économique. Pièces, lingots ou bijoux : l’or rassure, protège et traverse les crises. Mais avant d’acheter ou de revendre, une question revient toujours : quelle fiscalité s’applique à l’or en France ? Cet article fait le point, simplement et concrètement, sur les régimes fiscaux, les taxes à prévoir, et les astuces légales pour optimiser votre imposition.
Or d’investissement : la base de la fiscalité
En France, la loi distingue clairement l’or d’investissement (bénéficiant d’un régime fiscal avantageux) des objets ou bijoux en or, qui relèvent d’un autre traitement.
Selon l’article 298 sexdecies A du Code général des impôts (CGI), l’or d’investissement comprend :
- Les lingots, barres ou plaquettes d’une pureté supérieure ou égale à 995 ‰ ;
- Les pièces d’or frappées après 1800, ayant eu cours légal dans leur pays d’origine et d’une pureté d’au moins 900 ‰.
Ces produits bénéficient d’une exonération totale de TVA à l’achat, en France comme dans toute l’Union européenne (directive 98/80/CE). C’est un avantage majeur : contrairement à la plupart des biens de consommation, acheter de l’or d’investissement n’ajoute aucune taxe supplémentaire. Les bijoux, objets ou pièces non considérées comme or d’investissement (par exemple, certaines monnaies anciennes ou décoratives) sont en revanche soumis à la TVA si vendus comme produits manufacturés.
Vente d’or : deux régimes fiscaux possibles
Lors d’une revente, la fiscalité dépend à la fois de la nature de l’or vendu et de la capacité à prouver son prix d’achat. Deux options existent : la taxe forfaitaire sur les métaux précieux (TFMP) et le régime des plus-values réelles.
a) La taxe forfaitaire sur les métaux précieux
C’est le régime par défaut, prévu à l’article 150 VI du CGI.
Elle s’applique à toute vente d’or d’investissement lorsque le vendeur ne peut pas justifier du prix et de la date d’acquisition.
- Taux global : 11,5 % du prix de vente (11 % de taxe + 0,5 % de CRDS).
- Assiette : le prix total de la cession, sans tenir compte du bénéfice réel.
- Déclaration : le paiement est effectué lors de la vente, généralement par le professionnel acheteur (comptoir, bijouterie agréée).
Ce régime est simple et rapide, mais souvent moins avantageux pour les détentions longues, puisqu’il ne tient pas compte du temps écoulé ni du prix d’achat.
b) Le régime des plus-values réelles
Ce second régime (article 150 VH bis du CGI) est optionnel, mais plus intéressant pour les investisseurs de long terme.
Il permet d’être imposé uniquement sur la plus-value nette, c’est-à-dire la différence entre le prix de vente et le prix d’achat prouvé par facture, certificat ou acte notarié.
- Taux d’imposition global : 36,2 % (19 % d’impôt + 17,2 % de prélèvements sociaux).
- Abattement : 5 % par année de détention à partir de la 3ᵉ année.
- Exonération totale après 22 ans de détention.
Exemple concret :
Vous avez acheté un lingot en 2002 et le revendez en 2025. Votre durée de détention est supérieure à 22 ans : vous êtes exonéré d’impôt sur la plus-value. Ce régime nécessite de conserver les justificatifs originaux d’achat, sans quoi l’administration fiscale appliquera la taxe forfaitaire.
Bijoux et objets en or : régime des biens meubles
Les bijoux, montres, objets d’art ou pièces non considérées comme or d’investissement sont soumis à un autre régime : celui des biens meubles (articles 150 UA et suivants du CGI).
Deux cas :
- Si la valeur de vente est inférieure à 5 000 €, aucune taxe n’est due.
- Si elle dépasse 5 000 €, la vente entre dans le régime des plus-values sur biens meubles, avec une imposition au taux de 36,2 % sur la plus-value, et le même abattement de 5 % par an dès la 3ᵉ année.
Ce régime est donc assez proche de celui de l’or d’investissement, mais il ne concerne que les objets considérés fiscalement comme « meubles » (bijoux, pièces sans cours légal, or de récupération, etc.).
Optimiser la fiscalité de votre or : bonnes pratiques
Investir dans l’or ne se résume pas à acheter et à revendre ; anticiper la fiscalité permet d’en tirer le meilleur parti.
Voici les réflexes à adopter :
- Conservez tous les justificatifs
Chaque facture ou certificat mentionnant le poids, la pureté, la date et le prix d’achat est une preuve indispensable. Elle vous permettra de choisir le régime des plus-values réelles et d’éviter la taxe forfaitaire.
- Anticipez la revente
Si vous détenez votre or depuis plus de trois ans, le régime des plus-values devient de plus en plus avantageux grâce à l’abattement. Au-delà de 22 ans, vous pouvez vendre sans aucun impôt : l’or devient totalement défiscalisé.
- Achetez auprès d’acteurs agréés
Les professionnels déclarés (comme Or en Cash ou les comptoirs habilités) garantissent la conformité fiscale et la traçabilité de vos métaux. Ils assurent aussi la déclaration automatique lors d’une revente, vous évitant tout oubli ou erreur administrative.
Contrairement à d’autres placements, l’or d’investissement bénéficie en France d’un cadre fiscal clair et favorable. Exonéré de TVA à l’achat, il n’est pas soumis à une imposition annuelle, et offre deux régimes de cession permettant d’adapter votre stratégie à votre situation. En anticipant, en conservant vos justificatifs et en choisissant un intermédiaire reconnu, vous pouvez minimiser l’impôt et maximiser votre rentabilité. L’or reste une valeur refuge intemporelle — et, bien géré fiscalement, un formidable levier de protection et de transmission patrimoniale.



